La plume émouvante d’Issighide nous offre ces quelques poèmes
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Aïr
Ange Timinit
Rencontre d’un midi d’avril
Nostalgie de la campagne
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Aïr
Si les arbres des valléesLes oasis verdoyantesSous un ciel parsemé d’étoilesPouvaient chanter la musique des oiseauxImiter les mouvements quotidiens des animauxLes vibrations et les détonations aïguesDu violon d’AjoTémoignant la galanterie des hommesQui ont fait la grandeur de cette terreInvitant les plus indifférents, les plus insensibles,Les plus inanimés à s’armer du couragePour maintenir l’équilibre socialLe rythme cadencéDes vibrations profondes du tam-tamProvoquant les émotions anciennes ;Mon bonheur serait éternel
Ange Timinit
Il arrive dans la vie de rencontrer des gens extraordinairesCette joie m’a été donnée pour avoir connu TiminitL’une des plus illustres figures de la vaste région de l’AïrDes mots seuls ne suffisent pas pour décrireLes caractéristiques physiques, esthétiques et moralesDe cet angeL’image de notre première rencontre restera gravéeDans ma mémoireTrouvera une place de choix dans mon cœurPeau mateLongue chevelure noire rappelant les crins du chevalPhysionomie méditerranéenne, lèvres charnuesUn nez grec et lourde beauté orientaleSes bras nus finement dessinés se posentSur son corps agileJe me dis que j’aimerais voir ses yeuxLorsque, effet du hasard ou de transmutation de penséesSes paupières closes se soulèventUn regard noir qui semble embrouillé par le sommeilSe pose négligemment sur moiSes yeux noirs se désembrouissaillentDeviennent si éclatants en s’emplissant des lueurs veloutéesChaudes comme un soleil de tropique.
Rencontre d’un midi d’avril
C’était un midi d’avrilSous l’ardeur insupportable des rayons solairesQue j’ai rencontré DjamillaL’une des étoiles de la glorieuse ville d’AgadésJ’ai rencontré le mot "beau " qui s’est détaché du RobertPour fouler le sol de ma région.Lorsque nous nous sommes fixé le regardJ’ai senti mes tripes se nouer, ma gorge s’est séchéeMa salive s’est fait rareElle me fixe de son regard embraséUne sensation de gaieté s’abat sur moiLa fascination qui émane de cet êtreSa domination mystérieuse m’enveloppe et me fait toucherLe paroxysme du plaisir physique et sentimentalSes yeus noirs ne me quittent pasLes miens paraissent l’envouter, la fasciner, l’aimanterJe m’imagine nichant ma tête au creux de son épauleTout en contemplant le croissant de lune doréeQui scintille dans un ciel de velour noirDans une atmosphère paradisiaqueEmbaumée par une brise fraîche des oasis du désertSous l’oeil vigilant de la mystérieuse ville d’Agadès.
Nostalgie de la campagne
Il est difficile de se coulerDans le moule de la vie citadineQuand on est absorbé par les souvenirs heureuxD’une enfance campagnarde.Mon isolement actuel me laisse tourmentéPar d’amer souvenirsDes pensées douloureuses défilent dans mon espritUne solitude écrasante me tue.Mon âme est en fièvreIl n’y a nulle part d’eau pour la rafraîchir ;Mon seul remède est la senteur resplendissanteDu parfum des Chatt Aïr [1]Vivant aussi bien dans les environs immédiatsDe la pittoresque ville d’AgadèsQue dans les vallées verdoyantes de GoffatTafadek et TidineLe somptueux berceau des Tchifouras [2]Qui détiennent pour autant direLe monopole universel de la beauté.